S’il en est un qui m’a donné du fil à retordre, c’est bien Jean TARTARIVE baptisé en 1762 à Pau, fils de Jean TARTARIVE (1741-1791) et Jeanne CAPDEPON (1740-1781). Il est issu d’une famille de bourgeois négociants.
C’est joli et rigolo comme nom TARTARIVE… Par chance, il est peu commun à l’époque sur la région et tous les TARTARIVE croisés à Pau sur cette période descendent en réalité des grands-parents de Jean : Jean TARTARIVE (1710-1785) et Jeanne SANSANS (?-?).
Les parents de Jean, Jean et Jeanne, ont eu 13 enfants et les grands-parents de Jean, Jean et Jeanne aussi (vous suivez?) ont eu 9 enfants. En remontant d’ailleurs les racines TARTARIVE, on s’aperçoit que je grand-père de Jean vient du « Lieu des Ponts en Bigorre, diocèse de Tarbes ». Ce lieu m’est à ce jour encore inconnu malgré les recherches que j’ai pu effectuer sur les cartes anciennes. Par conséquence, TOUTE information concernant la commune d’origine du grand-père Jean TARTARIVE né vers 1710 est la bienvenue 🙂
Si on est un tant soit peu concentré sur les tables de Léon SOULICE et sur les registres, on finit par recenser tous les TARTARIVE et les lier entre eux. Il faut soigneusement éviter de les confondre, surtout entre cousins. Je ne vous cache pas que lorsque j’ai vu 3 générations de Jean TARTARIVE avec autant d’enfants, j’ai eu quelques angoisses. Et comble de malchance, les descendants des collatéraux sont nombreux eux-aussi.
Mais voici donc la famille de Jean :
Comme vous pouvez le voir, Jean est le premier né, il naît d’ailleurs 9 mois après le mariage de ses parents. Il est désigné « frère aîné » sur l’acte de baptême de son petit frère François né en 1775 (Archives de la Communauté d’Agglomération de Pau-Pyrénées, Pau, Paroisse Saint-Martin, cote GG142, vue 36).
La logique aurait voulu que Jean TARTARIVE reprenne les affaires commerciales du père, contracte mariage et reste dans la maison familiale auprès de ses parents dont il aurait la charge. Après tout, n’est-il pas l’aîné ?
Il faut savoir que dans le système familial de l’époque (système à maison), le patrimoine des parents n’est pas divisé de manière égalitaire entre tous les enfants comme il se conçoit actuellement. Il est transmis à un seul et unique héritier, généralement l’aîné, qu’il s’agisse d’ailleurs d’un garçon ou une fille. Mais attention, il ne s’agit pas là non plus d’une obligation, un autre héritier peut être choisi en cas d’absence de fils capable, ce peut être un gendre par exemple. L’objectif est d’éviter l’émiettement du patrimoine familial. Les cadets n’ont plus qu’à plier bagage rapidement.
Le problème, c’est que j’ai perdu la trace de l’aîné et ce n’est pas « normal ». Ce n’est pas faute d’avoir cherché sur Pau et sa région. Où est Jean TARTARIVE ? Pourquoi ne trouve-t-on ni mariage, ni décès à Pau ou dans les communes environnantes d’ailleurs ? Jean TARTARIVE n’est-il pas « capable » ? Est-il parti ? Et où ? Qui est le véritable aîné de cette famille sinon lui ?
Face au manque de résultats, j’ai dû me résoudre à l’idée qu’il a probablement quitté la ville, voire même la région. A-t-il fait une carrière militaire? Ce serait étonnant quand on connaît un peu (restons modeste) le système familial pyrénéen. Mais après tout, un premier né peut s’en aller… Ca s’est déjà vu je suppose. La condition est qu’un autre aîné soit désigné dans la famille pour reprendre le flambeau. Trouver le testament du père de Jean, décédé en 1791, aurait réglé la question mais là encore, c’est compliqué avec les archives paloises de l’époque. Je vous expliquerai pourquoi dans un prochain article.
Bref, face à cette foule de questions, je cherche Jean TARTARIVE. Partout et tout le temps. Plus précisément, je cherche le décès de Jean TARTARIVE qui permettrait peut-être de comprendre pourquoi il ne se marie pas et ne fonde pas de famille à Pau comme tout bon aîné !
La persévérance finit par payer car je finis par le retrouver ! Enfin je crois !
Un certain Jean TARTARIVE âgé de 20 ans et originaire de Pau, embarque à Bordeaux le 1er mai 1783 pour Saint-Marc à Saint-Domingue (actuelle Haïti) ! À l’époque, tout candidat au voyage doit à l’époque fournir un certificat de catholicité avant d’être autorisé à embarquer pour les colonies. À chaque départ de bateau, l’Amirauté de Guyenne établit la liste des passagers en indiquant leur identité et leur destination.
Jean TARTARIVE est inscrit sur la liste des passagers du navire « La Province du Béarn » dont le capitaine est FOURCADE. L’âge et le le lieu collent ! Ce document n’établit pas la filiation Jean TARTARIVE mais donne déjà suffisamment d’informations pour qu’on puisse penser raisonnablement qu’il s’agisse du même individu.
En effet, comme je vous le disais plus haut, les TARTARIVE de Pau sont tous parents à l’époque. Les tables de Léon SOULICE permettent de voir qu’aucun autre Jean TARTARIVE n’a été baptisé à Pau entre 1750 et 1765. OUF ! Les seuls TARTARIVE inscrits sur cette période sont d’ailleurs les frères et soeurs de Jean. Pas d’homonymes sur la période à Pau, il est donc très probable que ce soit Jean lui-même !
La source : Certificat d’identité et de catholicité de Jean TARTARIVE.
http://gael.gironde.fr/, Amirauté de Guyenne, attributions administratives, passeports et soumissions, certificats d’identité et de catholicité, 1780-1784, cote: 6 B 57 , vue 56/145.
Pour suivre la piste de Jean TARTARIVE dans les anciennes colonies, je poursuis les investigations sur le site des Archives Nationales de l’Outre Mer (A.N.O.M.) que je connais bien 😉 J’examine donc l’ensemble (!) des actes de mariages et de décès à partir de 1782 pour la commune de Saint-Marc à Saint-Domingue. Les registres sont rapides à consulter puisqu’ils s’arrêtent à l’année 1788. Jean TARTARIVE n’y figure pas.
Une requête dans la base nominative des personnes et des familles de l’A.N.O.M. aboutit enfin à un résultat : TARTARIVE, greffier et juge de paix à Fort-Dauphin. Des doubles minutes ont fait l’objet d’un dépôt dans les papiers publics des colonies pour l’an V (1796-1797). Mazette, pour un aîné qui n’est pas capable (simple supposition, aucune preuve), il finit par devenir greffier et juge de paix !
Précisons qu’il s’agit de Fort-Dauphin à Saint-Domingue, à ne pas confondre avec l’autre colonie française située à Madagascar. S’il s’agit du même Jean TARTARIVE, ce que je pense, s’est-il marié à Fort-Dauphin ? Y est-il décédé ? Quand ?
La consultation des tables des actes de Fort-Dauphin ne donnent pas de résultats sur un éventuel décès plus tard dans l’île, mais il faut savoir que les registres s’arrêtent à 1802 pour cette commune. La raison en est simple : « La première proclamation de l’indépendance d’Haïti a été faite à Fort-Dauphin le 29 novembre 1803 par Dessalines, Henri Christophe et Clervaux, quelques jours après la bataille de Vertières. Le 26 mars 1811, Henri Christophe se fait proclamer roi du Nord, sous le nom de Henri Ier, à Fort-Dauphin, qui est rebaptisée Fort-Royal. La ville prend le nom de Fort-Liberté à la fin du règne d’Henri Christophe, en 1820. » (Wikipédia)
Mes connaissances sur cette ancienne colonie sont plus que limitées, mais Haïti n’a jamais été épargnée dans l’Histoire. Où trouve-t-on les archives après 1803 ? Existent-elles seulement ?