12 octobre 2024

N comme Nouvelle-Ecosse

La Nouvelle Ecosse ou Nova Scotia est l’une des dix provinces du Canada. Elle est anglophone et très peuplée, sa population approche aujourd’hui le million d’habitants. Elle comprend plusieurs milliers d’îles côtières, dont certaines sont connues comme l’île du Cap-Breton, anciennement île Royale.

C’est aux alentours de 1605 que s’est créée l’Acadie, la première colonie de la Nouvelle-France qui regroupait entre 1534 et 1763 des territoires d’Amérique colonisés par la France et dont la capitale était le Québec. La France et l’Angleterre, les deux grandes puissances coloniales, se sont longtemps disputées ces territoires.

Le point central des crispations, enfin que dis-je, des hautes luttes, était la forteresse de Louisbourg sur l’île Royale. Fondée en 1713 par les colons français, elle est prise par les Britanniques en 1745 avant d’être recapturée par les Français en 1748 jusqu’à la guerre des Sept Ans (1756-1763), au terme de laquelle elle est redevenue une possession britannique.

Carte Port Louisbourg
Port de Louisbourg sur l’île Royale (1764) par Jacques-Nicolas Bellin, cartographe. Source : Library of Congress

C’est précisément Louisbourg qui va nous intéresser aujourd’hui, car c’est là que j’ai retrouvé, non sans surprise, Catherine Marie GROSSET, la sœur de mon ancêtre Sylvestre Toussaint GROSSET.
Autant vous prévenir, ce chantier généalogique est toujours en cours. J’avais commencé les recherches il y a quelques mois et, de guerre lasse, j’avais jeté l’éponge tant elles me dépassaient – peut-être aussi que j’avais brusquement été happée par d’autres ancêtres au même moment.

Alors que je recherchais les jumeaux de mon arbre dans le cadre du #1S1P (1 semaine 1 paire), j’étais tombée sur les naissances en 1692 à Saint-Malo des jumeaux Sylvestre Toussaint GROSSET (Sosa 1934) et Jan Samson.
Par curiosité, j’avais essayé de retrouver les actes de naissances de ses autres frères et sœurs afin de savoir ce qu’ils étaient devenus. En effet, si Sylvestre Toussaint GROSSET avait embarqué pour l’île Bourbon (Réunion) et était devenu huissier au Conseil Supérieur de l’île, d’autres étaient probablement restés à Saint-Malo.
Je n’imaginais pas une seule seconde que, dans cette fratrie, quelqu’un d’autre allait aussi migrer vers les colonies.

Saint-Malo

Catherine Marie GROSSET a été baptisée le 4 septembre 1705 à Saint-Malo (35). Elle est la fille de François GROSSET de Saint-Malo et de Marie VIAU, sa seconde épouse qui, selon leur acte de mariage de 1699, est originaire de Saumur (49).
Elle est a priori le 4ème et dernier enfant du couple GROSSET-VIAU. François GROSSET a eu précédemment 5 enfants de sa première union avec Bertranne GUILLERY, mais tous n’ont pas survécu.

Catherine Marie GROSSET se marie à l’âge de 20 ans avec Jean Charles CRUCHON. Il est « Sieur de la tour », son nom est parfois CRUCHON de La Tour ou CRUCHON La TOUR.

Acte de mariage CRUCHON GROSSET
Acte de mariage CRUCHON GROSSET
Mariage de Jean Charles CRUCHON et de Catherine Marie GROSSET le 9 janvier 1729 à Saint-Malo. Source : Archives Départementales d’Ille-et-Vilaine

D’une part, on a Jean Charles CRUCHON, fils de René et de Charlotte Du VERTON, et d’autre part, Catherine Marie GROSSET, fille de François et de Marie VIAU. Ils sont tous deux originaires de Saint-Malo et y sont domiciliés. Ils reconnaissent un enfant Jean Charles né en 1725.

Louisbourg, Nouvelle-Écosse

Par la suite, le couple GRUCHON-GROSSET aura d’autres enfants. Au moins 8 petits CRUCHON naîtront entre 1726 et 1737 mais pas tous à Saint-Malo. À partir des années 1730, leurs enfants naissent désormais à Louisbourg, Nouvelle-Ecosse, comme on peut le voir ci-dessous avec l’acte de baptême de Jacques Philippe CRUCHON daté du 19 février 1736 à Louisbourg.

Baptême de Jacques Philippe CRUCHON le 19 février 1736 à Louisbourg. Source : ANOM

Mais pourquoi se sont-ils rendus à Louisbourg ?
Une piste peut-être : le frère de Jean Charles CRUCHON, René CRUCHON, hydrographe, astronome et professeur, est installé à Louisbourg depuis le milieu des années 1720. Il est marié à Jacquette Thérèse BOUDIER (et non BOUTIER) , marraine de l’enfant Jacques Philippe CRUCHON baptisé ci-dessus.
Jean Charles CRUCHON aurait-il voulu suivre son frère sur ces terres « nouvelles » ?

Les deux frères CRUCHON décèderont malheureusement assez rapidement en Nouvelle-Ecosse, René en 1738 et Jean Charles en 1739.
Ils laissent leurs veuves et orphelins dans de grosses difficultés financières, notamment Jacquette Thérèse BOUDIER, la femme de René CRUCHON dont les malheurs ont été relatés par Christopher MOORE dans le livre Louisbourg portraits : life in an eighteenth-century garrison town .

Voilà qui explique sans doute pourquoi notre Catherine Marie GROSSET, veuve de Jean Charles CRUCHON, se remarie l’année qui suit le décès de son mari.
Le 18 septembre 1740, elle épouse ainsi Jean-Baptiste VILLEDIEU à Louisbourg.

Acte de mariage de Jean-Baptiste VILLEDIEU et de Catherine Marie GROSSET le 18 septembre 1740 à Louisbourg. Source : Tables & BMS 1715-1758 (Louisbourg, Île St-Jean, La Baleine, et St-Esprit, Port-de-Toulouse [St. Peter’s], Port-d’Orléans [Ingonish] – Familysearch

Jean-Baptiste VILLEDIEU serait un normand né à Grandville, « serait » car des preuves de sa naissance en Normandie, je n’en ai point. Pour l’instant.
Il exerce la profession de maître de grave, un pêcheur chargé de faire sécher la morue sur la grève. Le « Traité général des pesches » de Duhamel du Monceau donne une définition un peu plus élaborée :

Le maître de grave est responsable du travail à terre, sur l’échafaud et la grève. C’est lui qui envoie les capelaniers prendre les petits poissons avec des filets ou des seines. Ces poissons seront distribués aux pêcheurs comme appâts pour la pêche à la morue.
Le maître supervise la préparation, la manipulation et le séchage du poisson. Il fait préparer les repas, il assure la discipline et le maintien de l’ordre dans l’établissement saisonnier ou permanent. Cette fonction est souvent remplie par le capitaine, le pilote ou l’habitant-pêcheur.

Catherine Marie GROSSET est sa troisième épouse, après Anne Marie MICHEL en 1717 et Anne HEBERT en 1721. À son mariage, il avait au moins 11 enfants de ses précédentes femmes. Il en aura bien 4 de plus avec Catherine Marie.

Jean-Baptiste VILLEDIEU a un passé comme on dit.
En 1718, alors qu’il devait avoir une petite vingtaine d’années, il se bagarre avec un certain Martin MASSONDE, maître de grave aussi, et le frappe avec un bâton. MASSONDE meurt quelques jours plus tard et Jean-Baptiste VILLEDIEU sera donc poursuivi pour meurtre !

Alors, a-t-il été condamné pour ces faits ?
La réponse et la suite des aventures de Jean-Baptiste VILLEDIEU et de Catherine Marie GROSSET, j’espère pouvoir vous les donner prochainement 😉

Sources :

ANOM

https://www.mes-racines.ca/

https://www.museedelhistoire.ca/

https://recherche-collection-search.bac-lac.gc.ca/

Library of Congress

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Jourdavant

Généalogiste amateur originaire de l'île de la Réunion

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Une réflexion sur « N comme Nouvelle-Ecosse »

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