Londres, capitale anglaise, a vu naître plusieurs de mes ancêtres pirates échoués à l’île Bourbon (Réunion). Certains y ont été débarqués contre leur gré, d’autres ont fait au contraire le choix d’y rester.
En 2019, je me suis rendue à Londres pour tenter de marcher dans les traces de certains pirates, notamment dans celles de Thomas COMPTON dont j’avais relaté les aventures ici.
Quelques photos de Londres que j’ai prises à l’époque :
Il y a trois semaines, en pistant le père d’un enfant naturel, je me suis trouvée un tout nouvel ancêtre pirate, en la personne de Georges NOËL (1680-1740) sur lequel j’ai voulu approfondir les recherches. Je ne me suis pas la première à essayer de creuser la vie de cet homme car il est l’ascendant de nombreux réunionnais. Tout de même, j’étais curieuse de voir ce que j’allais découvrir.
Georges NOËL est né aux alentours de 1680 à Londres, il est horloger et je ne sais pour quelle(s) raison(s), il abandonne son premier métier pour se lancer dans la piraterie, qui était peut-être une activité plus rémunératrice mais aussi beaucoup plus risquée.
C’est en avril 1704 qu’il arrive à l’île Bourbon après avoir navigué je suppose sur tous les océans du globe. Il est déposé par un vaisseau forban, a priori le même d’ailleurs que celui de Robert TARBY dont il était question dans l’article E comme Edimbourg. Un débarquement de pirates supposés riches était toujours un évènement ! Ils ont dû être accueillis, probablement de manière plus favorable par la population que par les autorités locales…
Quoiqu’il en soit, Georges NOËL est autorisé à s’installer sur l’île et abjure la religion anglicane quelques mois plus tard. Il s’agissait d’une étape incontournable pour pouvoir se marier à l’île Bourbon.
Une information intéressante sur ce document d’abjuration : il déclare être le fils de Thomas et de Rebeque (Rebecca?) NOËL de la ville de Londres. Mais sans plus de précisions sur le nom de naissance de la mère, autant chercher une aiguille dans une botte de foin. Je me suis déjà noyée sur des sites comme Findmypast en quête de parents de pirates et j’avoue que je n’ai plus le courage de m’y replonger, moyennant finances en plus.
Un mois après l’abjuration, le 9 septembre 1704 à Saint-Paul, Georges NOËL épouse Catherine ROYER, âgée de 13 ans, fille de Guy ROYER, un soldat de la Compagnie des Indes, et de Catherine BELLON.
L’acte ne sera pas d’une grande aide pour mieux connaître sa filiation : il est maintenant fils de Thomas NOËL et de Dame NOËL.
Alors la bonne nouvelle, c’est qu’il existe un contrat de mariage. La mauvaise, c’est que je ne l’ai pas.
Cependant, d’autres ont pu l’étudier et sur cet excellent blog consacré à Georges NOËL (Je vous l’avais dit, c’est une superstar !), il est indiqué dans le contrat de mariage que Georges NOËL est le fils de Thomas et de Rebecque NOËL. Les mêmes parents déclarés lors de l’abjuration.
Le couple NOËL reste vivre à Saint-Paul et leur habitation est située sur les Sables, au numéro 16.
Ils auront 4 enfants entre 1707 et 1714 : une fille Marie Anne et trois garçons prénommés Jacques, Georges et le petit dernier Louis qui est mon ancêtre, Sosa 168.
Dans le recensement de 1708, on apprend que Georges NOËL détient un terrain aux Sables sur lequel il vit avec sa femme et sa fille Marie Anne, et un terrain à la Montagne. Il élève quelques animaux et cultive des céréales et des légumes. Il possède en tout 6 esclaves (4 hommes et 2 femmes) qui sont tous adultes.
Source : Archives Départementales de la Réunion
À noter qu’une dizaine d’années plus tard, en 1722, la situation économique des NOËL évolue plutôt favorablement car ce ne sont pas moins de 27 esclaves qui seront recensés !
Georges NOËL a plutôt bonne réputation. Antoine BOUCHER dans ses Mémoires ne tarit pas d’éloges à son égard. Il vante son éducation, son habilité et son attachement à sa toute nouvelle foi catholique.
Il le décrit comme « obéissant, libéral et soumis sans avoir aucun des vices ordinaires aux Anglais qui sont presque toujours mutins ».
Le comportement de Georges vis-à-vis de ses esclaves est jugé « louable ». Il ira jusqu’à autoriser ses esclaves à se marier et à fonder une famille, ce qui sera très mal perçu par le procureur du Roi. Ce dernier rédigera un réquisitoire au Conseil Supérieur de l’Île en 1733 et demandera à ce que les femmes esclaves soient logées dans des cases séparées et fermées à clé et que Georges NOËL soit entendu pour répondre des accusations à son encontre. J’ignore encore pour l’instant si cette affaire a abouti et s’il a été finalement condamné.
Georges NOËL décèdera quelques années plus tard, le 7 janvier 1740, à l’âge d’environ 60 ans.
Sa veuve Catherine ROYER se remariera deux ans plus tard avec un certain Jacques AUBER fils (1694-1782), ce couple restera sans descendance.
Sources :
Ah les recherches payantes à l’étranger… On ne se rend pas compte de la chance qu’on a en France !
Je crois que la France fait vraiment figure d’exception !
Comme quoi un pirate peut devenir respectable (remis dans le contexte bien sûr). On est loin des clichés sur le sujet.
Plusieurs d’entre eux se sont rangés, je crois que la vie sur les bateaux pouvait être cauchemardesque à l’époque.
Sais-tu que lors de mon dernier voyage à Londres il y a deux mois, j’ai pensé à tes ancêtres lorsque nous sommes allés nous promener vers LimeHouse. Le port prenait une tonalité plus intéressante grâce au récit que nous avait fait de ta balade.
Ravie alors si ça a pu te donner des idées de balade 🙂 C’était très calme quand j’y suis allée ce matin-là.
J’aimerais beaucoup qu’ils réorganisent un Rootstech à Londres un jour !
Ce récit est passionnant. Je me rappelle que j’avais beaucoup aimé ton premier article sur Londres et plus particulièrement une balade dans un vieux cimetière 🤗
L’absence des noms de femmes sur les actes de baptème anglais est une constante et lorsqu’elles sont présentes c’est la plupart du temps sous leur nom de femme mariée. Cela rend les recherches plus complexes surtout lorsque l’accès est payant en effet.