29 mars 2024

#ChallengeAZ Les plumes de la Grande Guerre : F comme Fournier

Henri Alban Fournier, plus connu sous le pseudonyme d’Alain-Fournier, est un écrivain né le 3 octobre 1886 à La Chapelle d’Angillon dans le Cher. Son deuxième prénom Alban lui vient en fait du nom de cette petite commune du Tarn  d’où son grand-père est originaire.

Alain-Fournier est surtout connu pour être l’auteur d’une œuvre très célèbre en France  : Le Grand Meaulnes paru en 1913, un an tout juste avant son décès.

 

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Acte de naissance d’Alain-Fournier en 1886 à la La Chapelle-d’Angillon. Source : Archives Départementales du Cher, NMD 1883-1892, côte : 3E 4922

 

Alain-Fournier gardera un souvenir très ému de sa petite enfance. Fils d’un tout jeune instituteur âgé de 20 ans à sa naissance, celui qui s’appelle encore Henri à l’époque, grandit entre les communes de Marçais et d’Épineuil-le-Fleuriel.

Il a une sœur cadette prénommée Isabelle dont il est très proche et qui deviendra plus tard la femme de Jacques Rivière (1886-1925), son meilleur ami et futur directeur de la Nouvelle Revue Française.

 

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Isabelle Fournier-Rivière et Alain-Fournier. Source : http://montherlant.be/article-035-riviere.html

 

Alain-Fournier grandit dans le Cher dans une ambiance très chaleureuse et protectrice, il devient l’élève de son père à l’école primaire d’Épineuil-le-Fleuriel, plusieurs photos dont certaines prises par Alain-Fournier lui-même sont parvenues jusqu’à nous.

La maison et la village d’Épineuil deviendront la toile de fond du Grand Meaulnes.

 

 

 

 

Il quitte la maison en 1898 pour poursuivre sa scolarité au lycée Voltaire à Paris pendant 4 ans, c’est un excellent élève et il est récompensé à cette époque par plusieurs prix d’excellence.

Son grand rêve est de devenir marin et c’est la raison pour laquelle il décide d’intégrer l’École Navale de Brest.

Mais bientôt l’isolement le fait déchanter, il n’y reste finalement qu’un an avant de s’inscrire au lycée de Bourges d’où il sort bachelier en 1903.

 

 

 

 

Puis, c’est l’École Normale à Sceaux où il fait une rencontre capitale : Jacques Rivière, d’abord son ami et confident qui deviendra quelques années plus tard son beau-frère. Ils échangent une importante correspondance que sa sœur Isabelle Fournier épouse Rivière fera publier après la mort de Jacques Rivière. C’est elle qui assurera la promotion des œuvres de son frère et de son mari au cours des années qui suivront leurs décès.

 

En juillet 1907, Alain-Fournier échoue au concours de l’École Normale. Dans le même temps, il apprend que celle dont il est éperdument amoureux, Yvonne de Quiévrecourt, se marie.

Il est alors dévasté et c’est en cette période difficile qu’il va publier pour la première fois sous le pseudonyme d’Alain-Fournier, Le corps de la femme, un texte secrètement dédié à Yvonne. C’est elle aussi qui lui inspirera plus tard le personnage d’Yvonne de Galais dans Le Grand Meaulnes.

 

 

 

Alain-Fournier a 20 ans, il est bien sûr appelé sous les drapeaux. Après avoir obtenu un sursis d’incorporation, il décide d’y renoncer, probablement à cause de son échec au concours de l’École Normale. Il intègre donc en octobre 1907 le 23e Régiment de Dragons de Vincennes.

C’est la désillusion au sein de l’armée. Il pensait en effet que la vie militaire l’aiderait à sortir de son chagrin mais il ne supporte absolument pas les conditions de vie des cavaliers.

Un mois plus tard et grâce à des soutiens bien placés, il réussit à rejoindre l’infanterie. Fait caporal en 1908, il obtient le titre d’élève officier de réserve. C’est ensuite sous le titre de sous-lieutenant de réserve qu’il est affecté au 88e régiment d’infanterie de Mirande (Gers). Enfin, il est promu lieutenant de réserve en 1913.

 

 

 

En 1910, Alain-Fournier commence écrire quotidiennement dans la rubrique littéraire de Paris-Journal. Il s’attelle également à l’écriture du Grand Meaulnes qu’il termine début 1913.

L’œuvre est d’abord publiée sur plusieurs mois dans la Nouvelle Revue Française puis aux éditions Emile-Paul Frères. À l’époque, les guerres intestines qui se jouent en coulisse du monde de l’édition ont failli briser l’amitié entre Jacques Rivière et Alain-Fournier et ont fait rater à ce dernier le prix Goncourt de 1913.

Malgré sa déconvenue au Goncourt, Alain-Fournier rencontre le succès et les critiques sont élogieuses.

 

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Le Grand Meaulnes d’Alain-Fournier (1913)

La guerre

En août 1914, la guerre est déclarée et Alain-Fournier est immédiatement mobilisé. Il se présente à sa convocation le 3 août 1914, la fleur au fusil.

Il écrit à sa sœur Isabelle : « Je pars content. »

 

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Alain-Fournier sur le départ (1914)

 

Son ami Jacques Rivière est dans le même corps mais tandis que Jacques est fait prisonnier à la fin du mois d’août 1914, Alain-Fournier poursuit le combat au front.

À l’arrière, sa sœur Isabelle et sa mère Albanie font appel aux plus hautes autorités politiques et particulièrement à Aristide Briand pour le retirer du front. En vain.

Isabelle recevra une dernière lettre de son frère en date du 21 septembre 1914 avant d’apprendre sa disparition dans le bois de Saint-Rémy-la-Calonne (Meuse).

Sur son registre matricule et sa fiche de soldat Mort pour la France, c’est la date du 26 septembre 1914 qui est retenue dans le jugement déclaratif de décès dressé par le Tribunal de la Seine du 25 juin 1920.

Mais il est bien mort le 22 septembre 1914 lors de la première bataille de Saint-Rémy qui s’est déroulée du 22 septembre au 24 septembre. Au cours de ces deux jours, on dénombrera pas moins de 324 soldats tués, 513 blessés et 51 déclarés disparus dont Alain-Fournier.

 

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Henri Alban Fournier dit Alain-Fournier,  Mort pour la France. Sourcehttp://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/

 

Le mystère de la disparition d’Alain-Fournier aura perduré 77 ans. C’est seulement en 1991 que son corps est retrouvé au terme de plusieurs années de recherches archéologiques et grâce à la ténacité d’historiens et de passionnés qui souhaitaient faire vivre sa mémoire.

C’est par déduction que le corps d’un lieutenant d’1m69, enterré dans une fosse commune avec ses compagnons, est identifié comme celui d’Alain-Fournier.

Vous pouvez découvrir toute la chronologie de la découverte des corps des soldats disparus dans le bois de Saint-Rémy sur ce lien : Chronologie

 

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Je ne sais pas où est Dieu dans cette guerre, parce qu’on ne peut pas expliquer l’énigme de ce monde, mais je sais bien que je serai frappé quand Il voudra, comme Il voudra, là où Il voudra.

Alain-Fournier

 


Sources :

http://www.association-jacques-riviere-alain-fournier.com/

http://www.legrandmeaulnes.com

http://www.souvenir-francais-92.org/article-la-tranchee-de-calonne-123456527.html

http://www.periberry.com/article-l-album-du-grand-meaulnes-118091596.html

http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/

 

Biographie :

L’énigme d’Alain-Fournier d’Alain Denizot et Jean Louis aux Nouvelles Editions Latines (NEL), 2000.

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Jourdavant

Généalogiste amateur originaire de l'île de la Réunion

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3 réflexions sur « #ChallengeAZ Les plumes de la Grande Guerre : F comme Fournier »

  1. Superbe billet Pascalina, pourquoi ne suis-je pas étonnée ? Comme beaucoup d’ados romantiques, j’ai adoré le Grand Meaulnes. Je connaissais le triste destin d’Alain-Fournier, moins sa parenté avec Jacques Rivière, un auteur bordelais que j’aime beaucoup aussi.

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