À une quinzaine de kilomètres au nord de Budapest, voici la ville de Fót située dans le comté de Pest, région de Dunakeszi. Elle est surtout connue pour son château Károlyi construite au XVIIIe siècle au milieu d’un parc immense. L’autre grande attrait touristique de Fót est son église aux quatre tours. Son histoire et son patrimoine culturel sont riches et elle vit toujours grâce à sa splendeur d’antan.
Si je vous parle de cette ville aujourd’hui, c’est surtout pour évoquer la vie d’Iren VAMOS, une femme dont je tente de retracer le parcours depuis quelques temps.
Iren est née dans une famille juive à Fót le 10 juin 1897 de Gabor VAMOS et de Margit GRAF. Le père est originaire de Fót et la mère est de Mogyoród, une ville qui se trouve également à proximité de Budapest.
Iren se marie une première fois avec Aba RUBEL, un bijoutier de Budapest, et je ne désespère pas de trouver un jour la date précise de leur mariage. Voici une photo d’Aba dénichée dans un almanach de l’industrie hongroise qui a été numérisé et mis en ligne par la librairie Hungaricana.
Pour l’anecdote, Aba est le frère de Jean et Robert RUBEL qui se sont fait un nom dans la joaillerie française au cours des années 20 et 30 à Paris.
Ils ont ensuite poursuivi l’aventure à New York à la demande de Van Cleef & Arpels avec qui Jean et Robert ont longtemps travaillé. Bref 🙂 Vous pouvez retrouver la success story des frères RUBEL ici avec en prime une photo de la petite bijouterie historique d’Aba.
Aba, qui est l’aîné de la famille, est resté à Budapest pour tenir la bijouterie familiale jusqu’à son décès le 13 novembre 1929. Si je comprends bien ce qui est indiqué dans l’acte de décès, le décès serait dû à un caillot sanguin qui se serait logé dans l’abdomen.
Source : Hungaricana
Deux ans plus tard, Iren VAMOS veuve RUBEL, se remarie avec un certain Adolf ROSENFELD, fourreur à Budapest né à Ovča près de Belgrade (Serbie). Et c’est ainsi qu’Iren VAMOS se retrouve liée à ma belle-famille 😉
Adolf ROSENFELD n’est autre que l’oncle paternel de Jene dont il est question dans l’article B de ce #challengeAZ.
Un fourreur qui s’offrait de belles affiches publicitaires dans les années 20 à Budapest…
Le mariage entre Adolf et Iren a lieu le 12 juillet 1931 à Budapest :
L’époux : Adolf ROSENFELD, divorcé, fourreur né à Ovča le 26 septembre 1887, résidant à Budapest VI. Fils de feu Lazar et de feue Janka POLLAK.
L’épouse : Iren VAMOS, veuve, née à Fót le 10 juin 1897, résidant à Ujpest. Fille de Gabor et de Margit GRAF.
Adolf ROSENFELD est divorcé d’Irena ROSENFELD (1898-1975) qu’il a épousée en 1919 et avec laquelle il a eu une fille EVA (1920-1941). Iren VAMOS est, comme l’a déjà vu, veuve d’Aba RUBEL.
Sur le site des Archives du Budapest, je découvre qu’un contrat de mariage a été dressé chez Me Ferenc STAMBERGER.
Il a fallu quelques jours pour qu’il me soit envoyé par mail. 13 pages en hongrois…
Source : Archives de Budapest
Tous les cas de figure sont prévus dans ce contrat de mariage mais le plus intéressant est ce qui advient en cas de divorce. Sur l’acte de mariage ROSENFELD-VAMOS en effet, il est précisé en observation qu’un divorce a été prononcé en 1933, soit deux ans après leur mariage !
Dans l’article 5 du contrat de mariage, il est écrit que si le mariage est rompu, l’épouse peut déménager et amener avec elle ses biens propres. Dans ce cas-là et jusqu’à la déclaration du divorce, le mari doit participer au frais de son épouse en lui payant 300 pengő par mois le premier jour de chaque mois.
(Je redis ici mes remerciements à mon collègue Dénes HARAI pour son aide précieuse sur la compréhension du document).
Le mariage d’Adolf et d’Iren n’aura donc pas duré longtemps et, à ma connaissance, ils n’ont pas eu d’enfants ensemble. Adolf se remarie en 1939 une troisième et dernière fois avec une hongroise du nom de Katalin WEISZ (1897-1978).
Ce qui n’est pas le cas d’Iren VAMOS, mais peut-être n’en-a-t-elle pas eu le temps…
Elle aussi sera une victime des persécutions nazies. Comme ses parents Gabor et Margit, elle mourra en déportation en 1944 dans un lieu « inconnu ».
C’est sa nièce qui signera les trois déclarations faites auprès de Yadvashem.
Sources :
Yad Vashem
Arcanum
http://www.kitervezte.hu/epuletek/orokseg/karolyi-kastely-fot
Je n’imaginais pas qu’il existât tant de ressources disponibles pour la Hongrie !
Des mines d’or ! La connaissance de la langue hongroise serait un plus.
Malheureusement je ne la parle pas 🙂
Tu sais que tu es accro à la généalogie …. quand tu traques des contrats de mariage en hongrois et tu te débrouilles pour les faire traduire. 😉 Chapeau bas ! En même temps, ces histoires et ses destins tragiques que la mémoire familiale n’a peut-être pas retenus méritent bien d’être racontés.
Le pire, c’est que j’ai demandé le contrat de mariage sans même savoir si je pourrais le faire traduire un jour ! La vie a bien fait les choses ensuite 😉