Naissance d’un écrivain
Qui aujourd’hui connaît Louis Codet ? Peu de gens certainement, mais au début du XXe siècle, c’était une plume prometteuse, rigoureuse, qui produisait abondamment (proses, poèmes, romans, récits, pièces de théâtre…) et qui a été arrêtée net par la guerre.
Louis Romain Jean Pierre Codet est né le 8 octobre 1876 à Perpignan d’un père industriel qui deviendra plus tard député et sénateur. Louis Codet sera lui-même député de la gauche radicale en 1909 pour une courte période d’un an.
Transcription :
Le neuf octobre mil huit cent soixante seize, à trois heures du soir, devant nous, Eugène Rasnon, adjoint au Maire de Perpignan, officier de l’État civil délégué, a comparu Jean Julien Augustin Codet, industriel et propriétaire, âgé de 24 ans, domicilié à Saint-Junien (Haute-Vienne) qui nous a présenté un garçon à qui il a donné les prénoms de Louis Romain Jean Pierre, né ce matin, à une heure, à Perpignan, rue de la Cloche d’or n°12, de lui et de son épouse Thérèse Marie Anne Lacombe Saint-Michel, âgée de vingt ans. Dont acte dressé en présence de Alfred Denamiel, âgé de trente sept ans, ingénieur des Ponts-et-chaussées, et Romain Lacombe Saint-Michel, âgé de cinquante sept, propriétaire, domicilié à Perpignan, qui ont signé avec le père et nous après lecture.
Louis Codet commence sa scolarité à Perpignan mais la poursuit dès 1891 à Paris au lycée Condorcet. Il devient docteur en droit en 1903 mais ses véritables passions sont ailleurs : dans la littérature et la peinture. Il écrit La Rose du jardin en 1907 puis La Petite Chiquette en 1908 et s’adonne à la peinture au point d’intégrer l’Académie Julian. À l’origine, son souhait est réellement d’embrasser une carrière de peintre.
Parallèlement, il continue d’écrire beaucoup et collabore notamment à la Nouvelle Revue Française, il fréquente même un temps le milieu littéraire parisien. Il devient ainsi l’ami de Guillaume Apollinaire, d’André Gide, d’Eugène Monfort, mais également de bon nombre de peintres en vue en ce début de XXe siècle.
Un peu visionnaire d’ailleurs, il écrit à Eugène Monfort en 1905 :
Le monde traverse une crise étrange et je ne sais ce que l’on enfantera, mais quel malaise !
Louis vit de ses rentes, écrit avec beaucoup d’élégance selon les critiques, mais n’est jamais pressé de publier et fait peu de cas en général de la commercialisation de ses œuvres. Son œuvre littéraire est d’ailleurs majoritairement posthume.
Fin 1913, il épouse à Paris Emma Cécile Marguerite Diemer, une strasbourgeoise de 38 ans, lui-même à l’époque est âgé de 37 ans.
Une petite fille prénommée Annette voit le jour peu de temps après, le 20 février 1914, soit quelques mois avant le déclenchement de la Première Guerre mondiale.
La guerre
Le 1er août 1914, la France prescrit la mobilisation générale des armées de terre et de mer et Louis Codet est comme beaucoup rappelé à l’activité.
Son service militaire, Louis Codet l’a accompli entre 1897 et 1898 en tant que soldat de 2ème classe puis caporal. Il est nommé sergent en 1900 après avoir effectué une série d’exercices dans le 138e régiment d’infanterie. En 1908, il est nommé adjudant de réserve.
En août 1914 donc, il intègre le 90e régiment territorial d’infanterie avec le grade de sous-lieutenant pour y mener la guerre contre les allemands jusqu’au 4 novembre 1914, date à laquelle des éclats d’obus l’atteignent au cou. Il se trouve alors avec ses compagnons limousins au pont de Steenstraate en Belgique.
Mais il ne meurt pas instantanément, un infirmier parvient à arrêter l’hémorragie. Beaucoup des hommes présents qui le croyaient mort le retrouvent bien vivant et assis en train de fumer la pipe.
Louis Codet fera même cette sortie à son capitaine :
Je crois que j’ai bien arrosé mes galons !
Il est aussitôt transporté au Havre où il débute sa convalescence. Hélas, un mois et demie plus tard, le 27 décembre 1914, Louis Codet succombera à un anévrisme de la carotide.
Il sera enterré à Saint-Junien dans la Haute-Vienne, sur les terres de son père, décoré de la croix de guerre et de la Légion d’honneur.
La promenade matinale
Chausse mon compagnon, tes espadrilles blanches ;
Il fait grand jour, et la montagne nous attend !
Nous passerons le pont tremblant, le pont de planches ;
Nous irons vers le lac que l’on voit miroitant.
Dépêche, il fait grand jour… Que la campagne est verte !
La sapinière a tant d’arôme ce matin.
Nous aurons chaud, là-bas, dans la gorge déserte
Où sont les éboulis et les coteaux de thym.
Dépêche-toi !… Déjà toutes les femmes lavent ;
Tous les bergers sont loin : entends-tu les troupeaux ?
Hardi, hardi ? Prenons nos sacs et nos chapeaux !
Je vois un vieux pêcheur marcher au long du gave,
Et dans le pré, deux petits gars, en reculant,
Font monter au ciel bleu leur rouge cerf-volant.
Louis Codet
Sources :
http://archives.cd66.fr
http://archives.haute-vienne.fr
http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr
http://www.lestrompettesmarines.com
http://lepervierincassable.net
https://fr.wikipedia.org
http://5gc29bcp.canalblog.com
Merci pour la découverte de cet écrivain
Je vous en prie ! Merci aussi 🙂
Il est affreux de découvrir tout ce que l’on a perdu à cause de cette affreuse guerre…. Tous ces talents tombés et gâchés… Merci de les faire revivre un peu…
Vraiment une belle découverte et un grand dommage que cette vie trop tôt fauchée si prometteuse d’un avenir littéraire.
Oublié aussi en Haute-Vienne, j’en ai bien peur… Merci de l’avoir fait revivre.
Mélanie – Murmures d’ancêtres